L'insuline est vitale pour les diabétiques car elle rétablit l'équilibre de la glycémie. Pourtant, des chercheurs américains viennent de montrer que cette régulation est possible sans insuline, à l'aide d'une transplantation… de graisse !
Il y a bonne et mauvaise graisse. La graisse blanche d'abord, responsable des "bourrelets" et néfaste pour la santé, et la graisse brune. Cette "bonne graisse" brûle ses propres adipocytes pour faire augmenter la température corporelle. Lors des premières semaines de vie, la graisse brune est présente en quantité chez le nourrisson car elle lui permet de réguler sa température alors qu'il n'a pas encore acquis le reflexe de frissonnement. Puis elle se raréfie au cours de la vie, ce qui la rend d'autant plus estimable...
Depuis des années, les bienfaits de la graisse brune sont progressivement révélés. Elle permettrait par exemple d'augmenter la dépense calorique et donc de faire perdre du poids, mais aussi de stabiliser la glycémie. Partant de ce constat, des chercheurs américains ont découvert que cette graisse pourrait même soigner le diabète de type I. En tout cas chez les souris… selon leurs travaux publiés le 1er juillet dans la revue de l'American Physiological Society.
Les chercheurs ont transplanté directement de la graisse brune, prélevée sur des embryons de souris, dans le dos des animaux. Ces souris avait préalablement été modifiées et rendues diabétiques. Une semaine plus tard, plus de la moitié (53%) de ces animaux ont vu leur diabète complètement disparaître. Le taux de glucose dans leur sang était ainsi naturellement équilibré, sans insuline.
Une protéine qui mimerait l'action de l'insuline
Comment est-il possible de restaurer une glycémie normale chez des animaux qui ne possèdent pas d'insuline ? Car le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui détruit les cellules pancréatiques sécrétrices de l'insuline. Cette perte hormonale est définitive.
Pour expliquer l'action des graisses brunes sur la glycémie, les chercheurs proposent plusieurs pistes. Ils ont notamment constaté que la transplantation de ces bonnes graisses induisait une augmentation "forte et progressive" de la concentration d'une protéine : l'IGF-1. La structure de cette dernière ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de l'insuline ! L'IGF-1 pourrait alors se fixer aux récepteurs de l'insuline, mimer son action, et restaurer ainsi l'équilibre glycémique manquant chez les diabétiques. Les chercheurs précisent d'ailleurs que le taux d'IGF-1 "continue d'augmenter dans les mois suivant la greffe".
Néanmoins, des nombreuses zones d'ombre restent à éclaircir, car l'IGF-1 ne semble pas pouvoir, à elle seule, substituer le rôle de l'insuline. D'autres hormones régulées par la graisse brune, comme le glucagon ou la leptine, pourraient également entrer en jeu. Ces résultats encourageants restent cependant à l'état expérimental. Actuellement aucun traitement curatif n'existe pour soigner le diabète de type 1. Le seul traitement consiste pour les diabétiques à s'injecter de l'insuline, tout au long de leur vie.
Source : Insulin-independent reversal of type 1 diabetes in nonobese diabetic mice with brown adipose tissue transplant. S. Gunawardana et al. American Journal of Physiology - Endocrinology and Metabolism, juillet 2015. DOI: 10.1152/ajpendo.00570.2014