Plus de huit millions d'anesthésies sont réalisées chaque année en France et la sécurité a été multipliée par 10 en 20 ans.
L'anesthésie reste la 4e source d'angoisse pour les patients, révèle un sondage BVA-SFAR de juin 2010 réalisé à la demande de la Société française d'anesthésie et de réanimation. La peur de ne pas se réveiller ou d'une complication liée aux produits anesthésiants, tend tout de même à s'infléchir face à la sécurisation récente des protocoles d'anesthésie. Une enquête de santé datant de 1994 avait révélé des failles dans la prise en charge des patients et un taux de mortalité élevé résultant de l'anesthésie. Un décret apermis de prendre des mesures efficaces et de diviser la mortalité par dix. De quoi vous rassurer avant une intervention.
La consultation préanesthésique
Elle est obligatoire depuis 1994 et reste capitale pour évaluer les risques et déterminer le type d'anesthésie qui conviendra le mieux à une intervention. «Un interrogatoire complet mettra à jour vos antécédents, prendra en compte votre état de santé et vos traitements, explique le docteur Laurent Jouffroy, anesthésiste-réanimateur et Président de la société française d'anesthésie et de réanimation (SFAR). Le choix de l'anesthésie se fait toujours en accord avec le patient. Le médecin est là pour lui expliquer le déroulement de l'opération, le conseiller et répondre à toutes ses questions. La consultation limite les risques de complications postérieures en décelant un terrain allergique ou une intubation qui sera difficile pendant l'opération.» L'anesthésiste peut demander un bilan et des examens complémentaires.
La dernière étape avant l'opération
La veille de votre opération, vous recevrez la visite de l'anesthésiste pour faire un dernier point. Ce ne sera pas forcément le même que vous avez rencontré pendant la consultation. La visite préanesthésique est obligatoire et se fait dans la chambre du patient. Son but est de vérifier qu'aucun élément de dernière minute ne soit venu modifier l’état de santé depuis la consultation. L'anesthésiste explique de nouveau la procédure au patient qui a toujours le choix de changer d'avis concernant l'anesthésie. À la fin de la visite, l'anesthésiste reçoit le consentement du patient concernant sa prise en charge. La visite préanesthésique est aussi le moment de rassurer le patient et de répondre à ses dernières questions.
Les précautions à prendre avant une anesthésie
L'anesthésiste vous donnera tous les conseils à suivre pour limiter lesrisques de complication. Il va falloir changer quelques habitudes du quotidien. Au premier rang des accusés responsables de complications possibles : le tabac. «Il diminue le potentiel de défense de l'organisme et augmente les risques d'infarctus par trois pendant l'opération, insiste le docteur Jouffroy. Il rallonge le temps de récupération en rendant la cicatrisation plus difficile et multiplie les risques d'infection par six.» Peu importe la quantité de cigarettes fumées. Les risques restent les mêmes à trois ou à un paquet. Pour réduire l'impact du tabac sur l'intervention, il faut arrêter de fumer au moins huit semaines avant. L'alcool provoque les mêmes effets. Il vous faudra donc limiter votre consommation. Certains médicaments sont à proscrire avant une opération notamment les anticoagulants qui fluidifie le sang comme l'aspirine. Et n'oubliez pas de vous relaxer et de soigner votre sommeil !
Le travail de l'équipe anesthésiste
Les procédures mises en place depuis 1994 pour sécuriser l'anesthésie ont permis de réduire les risques opératoires et post-opératoire. Avant une opération, le bloc est soigneusement stérilisé et le fonctionnement des appareils vérifiés. Si une allergie au latex a été détectée, l'anesthésiste aura pu programmer l'intervention en premier pour éviter les particules de latex dans l'air. Les gants et matériel à base de latex seront remplacés. Le médecin anesthésiste est toujours présent au bloc, notamment pour la phase d'induction (d'endormissement). Pendant toute la durée de l'intervention, une équipe, formée d'un médecin anesthésiste et d'un infirmier anesthésiste, surveille le patient et adapte les doses de médicaments dans les différentes phases de l'opération.
Les risques liés à l'anesthésie
Les dangers de l'anesthésie se concentrent à trois niveaux. Des risques respiratoires liés à un vomissement du patient dans les poumons et à des difficultés d'intubation. Des risques cardiaques et aussi vasculaires avec la crainte de l'infarctus, favorisé notamment par une anémie qui peut-être détectée au préalable par une numération sanguine. Une transfusion pendant l'intervention sera alors prévue. Ces risques peuvent être réduits grâce à une prévention efficace effectuée pendant la consultation pré-anesthésique et au respect des consignes par les patients concernant notamment le jeûne.
Plus de précautions pour les personnes à risque
Même si l'anesthésie est parfaitement sécurisée, certaines personnes présentent des fragilités et font l'objet d'une attention particulière. Les personnes âgées bien sûr, combinant plusieurs pathologies à suivre, notamment les risques cardiovasculaires. Les asthmatiques, qui offrent un terrain allergique favorable, réclament une vigilance accrue. Les personnes cardiaques ou ayant subi un accident cardiovasculaire sont à risque. Il n'y a pas en revanche de contre-indications à l'anesthésie pour les femmes enceintes. Côté enfants, les moins de 4 ans sont directement pris en charge par une équipe spécialisée.
Les produits anesthésiants
Trois types de produits sont utilisés pendant une anesthésie. «Pour endormir le patient, on utilise des hypnotiques, précise le président de la SFAR. Le rôle d'une anesthésie est également la prise en charge de la douleur pendant l'intervention mais aussi post opératoire. On administre de la morphine à des doses contrôlées. Pour faciliter l'acte chirurgical, il faut un relâchement complet des muscles que l'on obtient par le curare.» Si les protocoles pour sécuriser l'anesthésie ont beaucoup évolué, les recherches en pharmacologie pour mettre au point de nouveaux produits ont peu avancé, l'efficacité des actuels anesthésiants étant avérée.
Les différentes anesthésies
Trois types d'anesthésies sont possibles et varient selon le type d'intervention, le choix du patient et son état de santé. L'anesthésie générale endort complètement le patient après une injection ou une inhalation de produits. Le réveil n'est plus aussi difficile et désagréable grâce à une amélioration de la prise en charge du patient. On l'opposait souvent à l'anesthésie locale qui n'endort juste que la partie opérée. Ce type d'anesthésie n'est plus que rarement utilisé. En revanche l'anesthésie loco-régionale a gagné du terrain depuis ces dernières années. Elle complète ou remplace une anesthésie générale. Son risque est moindre et elle permet une meilleure prise en charge de la douleur. Elle peut être centrale (péridurale ou rachianesthésie) ou périphérique pour insensibiliser un membre par exemple. Une injection va endormir le nerf de la région à opérer. L'anesthésie s'installe au bout d'une vingtaine de minutes.
La salle de réveil
Une fois l'opération terminée, le patient est emmené en salle de réveil. Une étape essentielle pour surveiller son état et vérifier que le réveil se déroule sans complication après une anesthésie générale ou loco-régionale. La salle de réveil a été rendue obligatoire par le décret de 1994 pour améliorer la sécurité de l'anesthésie et prévenir les risques post opératoires. Un protocole qui a permis l'élimination d'un des principaux risques lié à l'anesthésie : l'asphyxie au réveil. La respiration est contrôlée dans la salle de réveil. Une équipe d'infirmiers et de médecins s'assure que le patient n'ait pas de complication post opératoire immédiate et que la prise en charge de la douleur soit optimale.
Après l'opération...
Un seul mot d'ordre : repos ! Pas question de commencer les douze travaux d'Hercule sous prétexte que vous avez une montagne de dossiers en retard à rattraper. Un sommeil réparateur accélèrera la récupération. «L’alcool et le tabac sont à proscrire pendant au moins quatre semaines suivant l'opération», insiste le docteur Laurent Jouffroy. Une bonne occasion pour vous aider à arrêter la cigarette ! Pas d'inquiétude à avoir si vous devez subir une autre intervention au cours des prochaines semaines. «Il n’y a pas de limitation d'anesthésie dans une année ni de temps d'intervalle recommandé entre deux opérations, souligne le président de la SFAR. Tout dépend du type d'intervention à subir.»
Un jeûne à respecter
Avant une intervention, le jeûne est la règle pour éviter les complications opératoires pendant l'anesthésie. Le principal risque est que le patient vomisse dans ses poumons. Pas la peine de vous torturer en ne mangeant pas 24 heures avant de rentrer au bloc. Le dernier repas doit remonter jusqu'à six heures avant de commencer l'anesthésie. Le jeûne s'adapte en fonction du type d'intervention à réaliser. Dans tous les cas, le dernier repas doit être léger. Évitez les agapes en tout genre !
Attention à la phytothérapie
Si certains médicaments sont interdits avant une anesthésie, il ne faut pas oublier d’interrompre également les compléments alimentaires à base de plantes qui possèdent un principe actif qui peut nuire au bon déroulement de l’opération. Certaines plantes comme la reine des prés, qui a le même effet que l’aspirine, fluidifie le sang. Idem pour le ginseng ou le ginkgo. Un complément à base d'ail n'est pas non plus recommandé. En cas de doute demandez conseil à votre anesthésiste.
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Source : La Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) :www.sfar.org/accueil