Des chercheurs ont mis au point un appareil externe capable de nettoyer le sang et constituant une promesse de nouveau traitement contre la septicémie ou Ebola.
Un appareil externe capable de nettoyer le sang des bactéries et des virus à l'aide d'aimants : c'est ce qu'ont mis au point des chercheurs américains. Cet appareil, testé chez les rats, pourrait permettre de traiter la septicémie ou des maladies infectieuses comme Ebola chez l'homme.
90 % des bactéries retirées du sang
NETTOYAGE. Dans la revue Nature Medicine, les chercheurs décrivent leur appareil : il consiste en des billes magnétiques nanoscopiques recouvertes d'une protéine sanguine humaine conçue génétiquement, appelée MBL.
Injectée dans le sang, la protéine MBL est capable de se lier aux agents pathogènes et aux toxines, qui peuvent alors être "extraits" du sang grâce aux nanobilles magnétiques qui se comportent comme de minuscules aimants. Une fois nettoyé, le sang est réintroduit chez le patient sans que sa composition ou sa coagulation ne soient modifiées.
Lors de leur expérience, les chercheurs ont infecté les rats avec deux bactéries - le staphylocoque doré et Escherichia coli - et ont réussi à retirer 90 % des bactéries de leur sang grâce à leur invention.
Les nanobilles magnétiques (en gris) se fixent à deux bactéries : le staphylocoque doré (à gauche, Staphylococcus aureus) et Escherichia Coli (à droite, E. coli). © Donald E. Ingber / Nature Medicine
Un traitement contre Ebola et le VIH ?
Si l'appareil s'avère aussi efficace et sûr chez l'homme, il pourrait permettre "de nettoyer physiquement le sang en enlevant une grande variété d'agents pathogènes ou de toxines", a indiqué à l'AFP Donald Ingber, principal auteur de l'étude. Il ajoute que le traitement pourrait être mené "avant même que l'agent pathogène n'ait été formellement identifié et que le traitement antibiotique optimal ait été choisi".
Les chercheurs précisent dans leur publication que lorsqu'ils ont injecté "une dose létale" d'endotoxine (une toxine située dans la membrane externe de certains bactéries), ils ont également réussi à améliorer "de façon significative" la survie des animaux.
INFECTIONS. Les infections du sang touchent 18 millions de personnes dans le monde chaque année avec un pourcentage de décès de 30 à 50 %. Les microbes qui en sont la cause sont souvent résistants aux antibiotiques.
EBOLA. Donald Ingber n'exclut pas que le traitement puisse un jour "être utile" dans le traitement de malades atteints d'Ebola dans la mesure ou la protéine MBL passe pour être capable de se lier avec le virus à l'origine de cette fièvre hémorragique. La protéine pourrait également se lier au VIH, le virus du sida, et au virus de Marburg, à l'origine d'une autre fièvre hémorragique, très similaire à Ebola.
Mais cet appareil ne servira pas à lutter contre l'épidémie d'Ebola qui sévit actuellement en Afrique : les chercheurs admettent qu'il faudra encore des années d'expérimentation chez d'autres animaux et chez l'être humain avant qu'il puisse être approuvé.
source : sciencesetavenir