Bac 2015. Comment gérer les derniers jours de révisions ?

 Pour beaucoup de lycéens la pression commence à monter au moment d’aborder la dernière ligne droite. Nous avons demandé à Brigitte Prot, psychopédagogue spécialiste de ces questions, de nous donner ses conseils pour réviser efficacement dans l’emballement final.

Nous sommes à un peu plus de dix jours du bac. Comment être le plus efficace dans cette dernière ligne droite ?

Le mot clé c’est : stratégie. Il ne faut pas s’éparpiller, mais mettre l’accent sur les matières à fort coefficient. Une fois qu’elles sont identifiées, je conseille au candidat de construire un tableau en trois colonnes. La première s’intitule « à apprendre », la deuxième « à réviser » et la troisième « à relire ».
Grâce à cette organisation, il voit concrètement où il en est. C’est la clé de ces dix jours : que le lycéen maitrise le travail qu’il a à faire. Souvent, durant cette période, l'étudiant panique. Il se dit qu’il a des montagnes à gravir, trop de choses à réviser et il a peur de ne plus rien savoir. Le tableau le rassure.
A partir de là, il peut établir un planning. Il y notera le temps nécessaire pour chaque tâche. De cette manière, il se sent en contrôle, pilote dans l’avion et le stress s’apaise.

Quel doit être le rythme d’une journée de révision ?

A partir du moment où le planning est établi, il est nécessaire de bien gérer son temps. Il ne faut jamais passer une journée entière sur une matière. Au maximum : c’est une demi-journée.
De la même manière, on exclut de travailler plus de deux heures sans pause. Il est impératif de prévoir des moments de détente. Le cerveau fonctionne moins bien s'il n'a pas l'information que ça va s'arrêter à un moment précis. Le pire ce serait de se dire « aller je m’y mets » sans se donner de limite horaire.

Si je viens juste de commencer mes révision est-ce que j’ai le temps de rattraper mon retard en dix jours ?

Il n’est jamais trop tard. L’étudiant doit opter pour une stratégie qui lui permette de voir le plus de choses possibles, dans les matières à fort coefficient. Ce n’est pas le moment des regrets. Il doit se donner la chance de tomber sur un sujet qu’il aura révisé.
Je travaille actuellement avec un étudiant en ES. Soyons clair, il a très peu travaillé. Du coup, à partir de son manuel de SES, nous avons sélectionné deux chapitres qui sont des passages obligé au bac. Nous n’en avons pas sélectionné trois, ça aurait été de trop. Il aurait paniqué et se serait dit : « J’aurai jamais le temps ». Alors que deux c’est réalisable. En fait il s’agit de faire du réalisable, que l’élève ne s’éparpille pas. Il faut rationaliser, on se centre sur des choses très précises.

Pour travailler est-ce que je me mets dans ma bulle : je me coupe de ma famille, de mes amis ?

La solitude est l’ennemi numéro un de cette génération.  Et le pire lieu pour réviser c’est la chambre. Auparavant c’était l’inverse... Cette génération existe beaucoup dans le rapport à l’autre. Elle craint la solitude dans le travail personnel. Ce que je leur propose c’est de s’entourer. Réviser à la bibliothèque avec des copains leur donne un cadre. On n’a pas le droit au portable, on ne parle pas. On peut aussi travailler chez les uns ou les autres aussi, mais ensemble. Pour cette génération, on apprend plus vite avec les autres.
Mais attention, il faut réviser avec d’autres élèves qui ont vraiment l’intention de travailler. Et au maximum en binôme ou en trinôme. A partir de quatre ça commence à devenir compliqué pour la concentration.

Comment éviter que la présence de sa famille ne devienne tropétouffante ?

Cela dépend de l’attitude des parents. S’ils parlent du bac à chaque repas, ça va être polluant. Il vaut, donc, mieux que le lycéen briefe ses parents dès le début en leur disant : « Ne me parlez pas du bac, c’est moi qui le ferait si j’en ai besoin. » En gros il faut leur dire : « Attention dans cette dernière ligne droite je n’ai pas besoin qu’on me mette la pression. » A partir du moment où se sont les enfants qui sollicitent leurs parents ça les aide.

Sommeil, alimentation, sport… il y a-t-il des règles à adopter ?

Sur les dix derniers jours il faut se coucher, si possible, à 22h30. Pour aménager au moins 1h30 de sommeil profond. A leur âge, le sommeil le plus réparateur c’est celui d’avant minuit. Ce qui ne sera plus vrai vers 25 ans quand ils seront étudiants. Ils n’auront plus le même cycle biologique. Pour le bac ils auront vraiment besoin d’un capital sommeil important. J’ai vu beaucoup de catastrophes avec des élèves qui sont arrivés fatigués le jour de leur épreuve.
Pour l’alimentation, il faut manger équilibré et à heure fixe. Et surtout éviter les compléments alimentaires. Le cerveau d’un lycéen n’en a absolument pas besoin, au contraire.
Pour le sport, l’idéal c’est la piscine. Mais la boxe ou les arts martiaux sont aussi très intéressants. Il faut trouver une discipline qui permette de se vider, de sortir quelque chose de soi !

Est-ce qu’il y a un moment où il faut dire stop, arrêter les révisions ?

Pour moi l’idéal c’est une journée avant les examens. Parce que ça permet au cerveau de structurer, de bien organiser toutes les informations emmagasinées. Le lendemain, l’épreuve n’en est que plus efficace. Mais pour beaucoup de lycéens ça les stresse. Je conseille alors de prendre, au moins, une demi-journée pour faire autre chose. Au pire, ce qu’ils peuvent faire au dernier moment c’est relire, mais ne surtout pas apprendre quelque chose. Parce que ça encombre les neurones plus qu’autre chose.

Est-ce qu’avec les meilleurs pourcentages d’obtention du bac, la pression sociale et familiale a baissé autour de l’examen ?

Ça aurait pu donner cet effet-là, mais c’est l’inverse qui s’est produit. L’angoisse et la pression ont augmenté. Aujourd’hui, les familles attendent de leurs enfants une mention. Les parents voient bien que c’est ce qui fera la différence à terme. Résultat l’angoisse c’est déplacée.
source :  jactiv.ouest-france.fr