Alzheimer est détectable 18 ans avant le déclenchement de la maladie



Presque deux décennies avant que la maladie ne se déclare, les scores aux tests cognitifs sont moins bons, révèle une étude américaine.


Détecter la maladie d'Alzheimer au plus tôt, grâce à des tests, permettrait de mettre en place des moyens de prévention pour la retarder. © BURGER / Phanie / AFP

MÉMOIRE. Une nouvelle étude publiée dans la revue Neurology démontre que 18 ans avant que la maladie d’Alzheimer ne se déclare, les scores obtenus à des tests de mémoires et de réflexion sont révélateurs. Pour comprendre, rappelons que la maladie d’Alzheimer commence bien avant l’apparition des symptômes (troubles de la mémoire immédiate, désorientation, confusion...). Car le processus qui mène in fine à la dégénérescence des neurones est un phénomène très lent et progressif.
Pendant ce stade dit prodromal, c'est-à-dire silencieux et sans symptômes, le cerveau compense grâce à sa plasticité et sa capacité de résilience. Ce n'est que lorsque le mécanisme est trop avancé et le cerveau trop atteint que les premiers symptômes apparaissent, et que l’on peut poser le diagnostic. Un des enjeux de la recherche est donc d’identifier ce stade prodromal pour mettre en place des mesures de prévention et tenter de retarder le déclenchement de la maladie.
Il y a une vingtaine d’années, l’équipe de Kumar B. Rajan du Rush University Medical Center de Chicago (États-Unis) a recruté 2215 Américains de 65 ans et plus, de type européen et africain. Pendant dix-huit ans, ces volontaires ont passé tous les trois ans des tests de mémoire épisodique (souvenirs des évènements), de fonctions exécutives et de cognition globale.
Les troubles cognitifs peuvent se manifester à un stade bien plus précoce que ce qui avait été établi précédemment"
A la fin de cette période, 23% des Afro-américains et 17% des Européens avaient développé Alzheimer. Et l'analyse des résultats aux tests a été implacable : "Les scores les plus bas sont associés au développement de la démence d’Alzheimer, concluent les auteurs. L’ampleur de l’association  augmente avec le temps et est plus marquée dans la population européenne""Ces données suggèrent que les troubles cognitifs peuvent se manifester à un stade bien plus précoce que ce qui avait été établi précédemment", ajoute Kumar Rajan.
MATURITÉ. Cette nouvelle étude concourt à étayer un nouveau paradigme qui révolutionne l’idée que l'on a de cette maladie : "Alzheimer n’est plus considérée comme une maladie neurodégénérative des personnes âgées mais comme se développant dès la maturité, expliquait Harald Hampel de l’Institut de la mémoire et la maladie d’Alzheimer à Sciences et Avenir en août 2014. Le mauvais repliement dans l'organisme de protéines de type prion qui en est responsable débute silencieusement dès l’âge mûr et ce sont uniquement les premiers symptômes cliniques qui apparaissent tardivement, vers 70 ou 80 ans."
PRÉVENTION. La détecter au plus tôt, grâce à des tests, permettrait donc de mettre en place des moyens de prévention pour la retarder. Et qui dit retarder pourrait dire éviter. En effet, la maladie touche trois-quarts des personnes âgées de plus de 80 ans (13% des malades), 85 ans (21%) et 90 ans (40%) selon l’étude Paquid menée par Jean-François Dartigues de l’université de Bordeaux. "Si l’on repoussait de cinq ans l’apparition de la démence, moitié moins de gens seraient atteints, note le professeur Harald Hampel. Un report de dix ans diminuerait la prévalence de 75% !" Et cet objectif est désormais théoriquement atteignable car, selon l’expert, les scientifiques commencent à établir les différents facteurs de risques et de protection. 
source : sciencesetavenir