Alcool pendant la grossesse : quels risques pour la santé de l'enfant ?



Pendant la grossesse, c'est zéro goutte d'alcool, répètent régulièrement les autorités sanitaires. Or en Irlande, 80 % des femmes enceintes continuent à en consommer. Et en France ?


L'Institut national de Veille Sanitaire recommande vivement l'arrêt complet de la consommation d'alcool dès le début de la grossesse et pendant toute sa durée. (DURAND FLORENCE/SIPA)

Dans les pays anglo-saxons, la majorité des femmes continue de boire de l'alcool pendant leur grossesse, conclut une étude parue le 8 juillet 2015 dans le British Medical Journal. La "palme" revient à l'Irlande, où 8 femmes sur 10 continuent de consommer de l'alcool jusqu’à l’accouchement. En France, même si les femmes enceintes sont moins nombreuses à adopter ce comportement pendant leur grossesse, la majorité ne suit pas non plus la recommandation officielle des autorités de santé, qui est d'arrêter complètement la consommation d'alcool dès le début de la grossesse et ce pendant toute sa durée. 

23 % des Françaises ont consommé au moins une fois de l'alcool pendant leur grossesse

CONSÉQUENCES. Car consommer de l'alcool pendant la grossesse (à n'importe que stade) de manière quotidienne ou épisodique n'est pas sans risque : l'alcool a la capacité de circuler au travers de la barrière placentaire et donc de toucher directement l'enfant à naître. Comme le décrit l'Institut national de Veille sanitaire (InVs), il agit notamment sur son système nerveux central et peut avoir des conséquences irréversibles sur son développement : retard de croissance, microcéphalie (taille anormalement petite du crâne), malformations d'organes, dysmorphie caractéristique (déformation d'un membre ou d'un organe), etc. Ainsi, dans les pays occidentaux, la consommation d'alcool pendant la grossesse est la première cause de handicap mental d'origine non génétique chez l'enfant. La conséquence la plus grave de la consommation d'alcool pendant la grossesse est le syndrome d'alcoolisation fœtale. Il touche en France 1 % des bébés qui naissent, soit environ 8.000 naissances, indique  l'Inpes.
SYNDROME. Le syndrome d'alcoolisation fœtale se définit par la consommation d'alcool pendant la grossesse, un retard de croissance prénatale et postnatale pour le poids, la taille ou pour les deux, et une dysmorphie faciale.
En fait, si les femmes enceintes ne suivent pas la recommandation des autorités sanitaires, c'est probablement... parce qu'elles ne les connaîtraient pas, tout simplement. Selon une enquête de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) de 200660 % de la population française pensent qu’une consommation occasionnelle d'alcool pendant la grossesse ne présente pas de risque. Et selon 48 % des enquêtés, le vin et la bière sont moins dangereux que les alcools "forts" pour une femme enceinte. C'est peut-être pour cette raison que 23 % des Françaises ont consommé au moins une fois de l'alcool pendant leur grossesse en 2010, d'après une enquête nationale publiée en mai 2011. Ce pourcentage tombe cependant à 19,7 % quand on exclut les femmes qui ont bu de l’alcool seulement avant de se savoir enceintes.
CONSOMMATION. Reste une question : les femmes enceintes consomment-elles de l'alcool de manière modérée ou élevée ? D'après l'enquête datant de 2011, près des trois-quarts des Françaises disent avoir bu moins d’un verre en une occasion. Cependant, 3,7 % des femmes déclarent avoir consommé plus de trois verres de boisson alcoolisée en une même occasion pendant la grossesse.
source : sciencesetavenir