Vrai ou faux : 7 idées reçues sur le cancer

Dans son livre Quand une cellule déraille, le médecin Filip Lardon fait la chasse aux idées reçues sur le cancer. Extrait.


Les patients ne sont pas toujours bien renseignés sur les facteurs augmentant le risque de cancer. MARC LE CHELARD / AFP

Filip Lardon, professeur à la Faculté de Médecine et Sciences de la Santé de l'Université d'Anvers en Belgique et chef de service du Laboratoire de Recherche sur le Cancer, explore avec son équipe de nouvelles pistes dans l’apparition, le développement et le traitement des tumeurs.
En outre, il passe une partie de son temps à sensibiliser le grand public au cancer, et à répondre à leurs questions. Ces réponses, très vulgarisées, permettent de faire tomber quelques idées reçues. Sélection des 7 idées reçues qui reviennent le plus souvent.

Le cancer peut toucher n'importe qui.
VRAI. Un risque de cancer existe chez chacun d'entre nous et il augmente avec l'âge. En Occident, environ une personne sur trois en sera victime au cours de sa vie. Cela ne veut toutefois pas dire qu'il n'est pas possible de prévenir la maladie, ne fût-ce qu'en partie : adopter un mode de vie sain et écarter les facteurs de risque permet déjà d'éviter l'apparition de nombre de tumeurs.

Un cancer peut se développer dans n'importe quelle région du corps.
VRAI. En principe, un cancer peut apparaître à n'importe quel endroit où des cellules se divisent. Certains tissus et organes y sont toutefois plus sensibles que d'autres. Chez les femmes, le cancer du sein est de loin le plus fréquent, suivi par les tumeurs de l'intestin, du poumon, de l'utérus et de la peau. Chez les hommes ce sont les cancers de la prostate, du poumon, du côlon, de la tête et du cou et de la vessie qui occupent le haut du classement.

Le risque de cancer est identique chez les deux sexes.
FAUX. Il est globalement un peu plus élevé chez les hommes (30 à 35 %, contre 25 % chez les femmes) et certaines tumeurs touchent préférentiellement l'un ou l'autre sexe. Celles de la tête et du cou, de la gorge, du poumon, de l'œsophage ou de la vessie sont par exemple plus fréquentes chez l'homme, généralement sous l'effet de facteurs de risque tels que la consommation de tabac ou d'alcool. Les cancers de la thyroïde et ceux de la peau sont par contre un peu plus fréquents chez les femmes ; ils se développent essentiellement sous l'effet de facteurs hormonaux et de l'exposition au soleil.

Le cancer est une maladie de notre époque.
FAUX. Le cancer existe depuis des siècles et probablement même depuis l'aube de l'humanité, voire avant (chez l'animal). Ce n'est donc absolument pas une maladie propre à notre époque ou à notre civilisation, même si le nombre de cas n'a cessé de progresser au cours des décennies. Cette évolution s'explique par le vieillissement croissant de la population et la transformation de nos conditions de vie (au niveau de facteurs personnels tels que l'exposition au tabac, la sédentarité, l'obésité ou la pollution environnementale).

On ne peut jamais savoir si l'on souffre d'un cancer.
FAUX. Classiquement, les dix grands symptômes susceptibles de trahir la présence d'une pathologie maligne : une raucité ou une toux persistante (surtout chez un fumeur ou ex-fumeur) ; des difficultés à déglutir (surtout chez les personnes qui boivent et fument) ; des modifications de la fréquence des selles (diarrhée, constipation persistante ou alternance des deux) ; des troubles urinaires chez l'homme, une perte de poids, une fatigue ou une fièvre persistante sans cause manifeste ; des saignements anormaux ; la présence d'un nodule ou d'une "boule" à n'importe quel endroit du corps (dans un testicule ou un sein, sous la peau...) ; une modification inattendue au niveau du sein (rétractation, écoulement, rougeur...) ; l'apparition d'un nouveau grain de beauté ou la transformation d'un grain de beauté existant ; une lésion cutanée ou buccale qui tarde à guérir.
Même si ces signaux d'alarme devraient idéalement toujours faire l'objet d'un examen plus approfondi, leur apparition n'est en aucun cas le signe certain que la personne souffre d'un cancer.

Le cancer est inévitable.
FAUX. Les spécialistes pensent aujourd'hui que la majorité des cancers sont provoqués par des facteurs externes, qui présentent souvent un lien étroit avec nos conditions de vie. Adopter un mode de vie sain, ne pas fumer, veiller à conserver un poids normal, bouger suffisamment et manger des fruits et légumes en abondance peut déjà beaucoup contribuer à éviter ces mauvaises influences. Certaines estimations chiffrent à plus de 50 % la proportion de cancers qui pourraient être évités par une prévention adéquate. Soulignons que le tabagisme demeure à ce jour la première cause de tumeurs cancéreuses : sans cette mauvaise habitude, plus de 30 % des décès par cancers pourraient être évités !

On ne guérit jamais définitivement d'un cancer.
FAUX. Grâce aux techniques de dépistage et aux traitements actuels, il est tout à fait possible de guérir certains cancers. Dans nombre de cas, la possibilité d'une guérison complète et définitive reste toutefois difficile à prédire. L'objectif du traitement est évidemment d'éliminer la totalité des cellules cancéreuses... Mais il suffit qu'un petit nombre d'entre elles survivent (sur le site de la tumeur primaire ou sous la forme d'une métastase) pour que le patient coure le risque de développer, à terme, une nouvelle tumeur. Ce danger peut persister pendant plusieurs années, et il est donc important de continuer à réaliser des contrôles longtemps après la fin du traitement. Si aucune rechute ne survient d'ici cinq ans, la probabilité est grande que le patient soit définitivement tiré d'affaire.

 Quand une cellule déraille - comprendre le cancer

De Filip LARDON - Mardaga - avril 2014 - 192 pages -
 prix : 18 €
Possibilité de feuilleter d’autres pages du livre via ce lien.





source : sciencesetavenir