La moelle épinière livre un nouveau secret !

Des chercheurs viennent de découvrir le rôle de certains neurones dans la moelle épinière, ouvrant la voie à de nouvelles thérapies contre les lésions de cette partie du système nerveux.

Les interneurones V2b (en jaune et en vert) sont visibles autour des neurones moteurs (en bleu). Courtesy of the Salk Institute for Biological Studies

DÉCOUVERTE. Des scientifiques américains ont découvert que les interneurones V2b, des neurones intermédiaires (situés entre deux autres neurones) de la moelle épinière dont la fonction restait méconnue, sont impliqués de façon décisive dans le processus musculaire de flexion-extension. 
"Cette découverte pourrait aider à ouvrir la voie à de nouvelles thérapies pour les lésions de la moelleépinière ou d'autres troubles moteurs liés à la maladie", expliquent les chercheurs. Leurs travaux viennent d'être publiés dans la revue Cell.

Le fonctionnement de la moelle épinière reste méconnu

MOELLE ÉPINIERE. Si nous sommes capables de téléphoner tout en marchant, c'est grâce à la moelle épinière : elle contient un réseau de neurones fonctionnant de façon autonome, qui nous permettent de nous déplacer grâce à la mise en oeuvre de mouvements complexes et rythmés lesquels, malgré leur sophistication, ne nécessitent de notre part qu'une attention très minimale. Mais le fonctionnement des neurones de l'appareil locomoteur de la moelle épinière reste encore méconnu des scientifiques. 
PROCESSUS. Les chercheurs ont donc découvert, sur des souris, qu'une catégorie de neurones présents dans la moelle épinière, les interneurones V2b, étaient impliqués de façon décisive dans un processus-clé du système locomoteur : la capacité à activer et à désactiver des muscles opposés de façon synchrone, de façon à créer une alternance de mouvements de  flexion et d'extension (par exemple, lorsque nous marchons).
On savait déjà que les interneurones V1 étaient impliqués dans le processus musculaire de flexion-extension. Toutefois, il s'était rapidement avéré que ces neurones n'étaient pas, à eux seuls, responsables de la totalité de ce processus musculaire. Car lorsqu'ils étaient inactivés, ce processus pouvait encore avoir lieu, suggérant que d'autres neurones étaient également impliqués dans celui-ci.

Une énigme de plus de 120 ans

HYPOTHESE. Ces résultats confirment l'hypothèse émise il y a plus de 120 ans par le prix Nobel Charles Sherrington, qui pensait que l'alternance flexion-extension est essentielle pour la locomotion de tous les animaux qui ont des membres. Il avait proposé que les cellules concernés dans cette alternance étaient présentes dans la moelle épinière mais sans pouvoir les identifier. Cent-vingt ans après, c'est désormais chose faite.
CHIFFRES. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, chaque année dans le monde, entre 250 000 et 500 000 personnes souffrent de lésions de la moelle épinière. Dans leur majorité, ces lésions sont dues à des causes évitables, comme les accidents de la circulation, les chutes ou la violence. Les personnes souffrant d’une lésion de la moelle épinière ont une probabilité deux à cinq fois plus grande de décès prématuré que les autres, avec des taux de survie plus faibles dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
source : sciencesetavenir