Désir et érection : à ne pas confondre !

Ne pas confondre désir et érection

Le désir et l'érection sont souvent des termes associés et confondus. Or, les pannes de désir ne sont pas forcément liées à un manque d'envie. A l'inverse, les traitements des troubles de l'érection ne permettent pas de faire l'économie du désir. Quelques conseils pour mieux faire la part des choses.

Si un homme a des troubles de l'érection, il est probable qu'il ne souhaite pas s'exposer à un échec et donc, qu'il inhibe son désir. Or, cela ne veut pas dire qu'il rejette sa partenaire ou qu'il ne la trouve plus jolie. A l'inverse, les inducteurs d'érection ne sont pas des déclencheurs d'érection et ces médicaments ne fonctionnent que s'il y a désir. Découvrez ces liens étroits entre désir et érection, trop souvent confondus.

Du désir au plaisir

Désir et érection D'après l'ADIRS, "le désir est la capacité à envisager de manière positive une activité relationnelle et à déclencher une excitation. Elle recouvre à la fois le désir de faire l'amour avec son partenaire mais aussi le fait d'avoir des pensées érotiques de façon spontanée". Ainsi, l'absence de désir n'est pas forcément liée au partenaire car le désir est une capacité personnelle. Par ailleurs, il est possible de ressentir du désir et de ne pas avoir d'érection. "On peut avoir du désir sans que le corps réponde présent ! Cela n'est pas très courant car en général lorsqu'il y a désir il y a érection même si celle-ci n'est pas satisfaisante ou si elle ne dure pas à cause d'un problème d'éjaculation prématurée par exemple" explique Alain Héril.

Causes physiologiques et psychologiques

Le dysfonctionnement érectile peut être dû soit à une prise de médicaments (en cas d'hypertension notamment), soit à une situation de stress entraînant une grande fatigue physique. On peut aussi retrouver cette situation chez des sujets âgés qui auraient des problèmes de prostate paresseuse ou une circulation veineuse en difficulté. Il est à noter que la prise de stupéfiants peut entraîner une impossibilité d'érection même en cas de désir très puissant.
Dans un cadre plus psychologique, les troubles érectiles peuvent être liés à une peur de  relation : "La tête dit ‘oui' et le corps ‘non' parce qu'on y projette des notions d'interdit (un homme marié et sa maîtresse) ou un blocage lié à l'enfance qui se réactualiserait au moment du passage à l'acte" poursuit Alain Héril.
Comment faire coïncider désir et érection ? Normalement, cela se fait naturellement. Si cela est difficile, il est bon de faire confiance à ses fantasmes, de ne pas hésiter à les évoquer, à se les projeter intérieurement sous forme de visualisations excitantes. Le fantasme est le moteur même du désir !

Comment et par qui se faire aider

Si le problème persiste ou a tendance à revenir, il peut être nécessaire de se faire aider. Quelques consultations devraient permettre de résoudre le problème. Mais votre premier interlocuteur naturel reste le médecin généraliste. Ce dernier pourra évacuer tout problème "fonctionnel". En fonction de l'origine du problème, il pourra si besoin vous orienter vers un spécialiste (urologue, andrologue…). Mais les médecins sont désormais mieux armés pour traiter les troubles érectiles, grâce en partie aux nouveaux inducteurs d'érection.

Les médicaments ne remplacent pas le désir

"Il n'a plus besoin de me désirer avec son médicament !", "C'est moi qui suscite son excitation ou c'est son médicament ?", "S'il a besoin de pilule pour faire l'amour, c'est qu'il ne m'aime plus"… Certaines femmes sont troublées par l'irruption d'un médicament dans l'intimité de leur couple. Mais ces réactions sont avant tout dues à une méconnaissance des modes d'action des inducteurs d'érection de la classe des inhibiteurs de la phosphodiestérase-5 (Cialis ®, Viagra ®, Levitra ®…). Ces médicaments ne donnent pas des érections sur commande. Seul un contexte d'excitation , de complicité avec la partenaire et de désir mutuel permet d'atteindre l'érection. L'érection n'est pas synonyme de désir et dans ce cas, le médicament n'est qu'une aide technique, une béquille permettant de matérialiser un désir.
Autre crainte féminine, devenir l'objet de fantasmes insatiables de son compagnon… Pas de crainte, les inducteurs d'érection n'ont pas d'action au niveau du cerveau. Le médicament ne devrait pas bouleverser l'appétit, il permet simplement de donner corps à son désir.

Quelques conseils en cas de troubles érectiles

Voici quelques conseils pour retrouver une érection satisfaisante : tour d'abord, ne dramatisez pas la situation, il est important de se détendre car l'érection a besoin de tranquillité psychique pour se développer pleinement. Privilégiez les préliminaires qui permettent à l'érection de venir en prenant son temps.

"Vous pouvez également pratiquer la masturbation pour apprendre à contrôler votre corps et votre désir car parfois un désir trop fort peut empêcher l'érection" précise Alain Héril. Par ailleurs faites confiance à votre partenaire qui peut vous aider à relativiser les choses. Mettre du jeu et du rire dans sa vie relationnelle est un bon moyen de déclencher le désir… et l'érection.

Enfin, des solutions existent aujourd'hui pour traiter les dysfonctionnements érectiles. Encore faut-il oser consulter seul ou en couple pour pouvoir en bénéficier. Aujourd'hui, les professionnels de santé sont mieux formés pour aborder le sujet et offrir un traitement adapté. Alors, ne souffrez plus en silence.

source : Alain Héril Psychothérapeute/ auteur du livre « Les continents féminins » Editions Jean-Claude Gawsewitch
ADIRS, http://www.adirs.org/v4/data/troubles/baisse_de_desir.asp