Mediator : Servier a versé 12 millions d'euros aux victimes

Le Mediator des laboratoires Servier, initialement antidiabétique, a été utilisé comme coupe-faim. Retiré du marché en 2009, il est responsable de la mort de centaines de patients sur plusieurs décennies.

Le laboratoire Servier affirme avoir «déjà versé aux victimes du Mediator près de 12 millions d'euros», des indemnisations basées sur l'avis des experts de l'Office National d'Indemnisation des Accidents Médicaux (Oniam).

Le montant total des offres adressées aux patients par Servier depuis quatre ans s'élève à plus de 20 millions d'euros.

L'Etat mis à contribution

Quant à l'Etat, il va devoir se substituer au laboratoire pour 14 victimes dont la demande a été acceptée par l'Oniam depuis le mois de juin 2015. Parmi ces cas figurent des refus de Servier de présenter une offre dans les délais impartis, ainsi que des offres d'indemnisation incomplètes.

En tout, 750.000 euros (estimation) vont leur être versés. L'Oniam entend récupérer ces sommes en se tournant vers la justice, avec une «quasi certitude de les récupérer à 100%», estime le directeur de l'organisme public Erik Rance.

Pour payer, l'organisme va utiliser son «droit de tirage» sur le Trésor public car 15 millions d'euros ont été réservés pour le seul Mediator. 
L'Oniam a reçu au total, 8.664 demandes d'indemnisations pour le Mediator depuis 2011, 1578 dossiers ont été acceptés.

Vigilance sur les indemnisations

Les personnes recevant une offre d'indemnisation de Servier doivent vérifier qu'elle «corresponde bien» à l'avis des experts, et au besoin, consulter l'Oniam, «car une fois l'offre acceptée et signée, c'est terminé», avertit Erik Rance.


L'affaire du Médiator : quelques repères

1976 : Servier commercialise le médicament Mediator. Vendu pour les diabétiques en surpoids, il s'agit en fait d'une amphétamine coupe-faim.

1995 : la cardio-toxicité du Mediator est suspectée, comme pour ses cousins, l'Isoméride et le Pondéral, qui, eux, sont retirés du marché en 1997.

1999 : plusieurs cas de valvulopathies -- maladie des valves cardiaques -- de patients sous Mediator sont notifiés. L'Agence du médicament sollicite Servier pour que des études au long cours soient réalisées. Le laboratoire ne le fera que dix ans plus tard.

2009 : l'étude du CHU de Brest, l'étude Regulate de Servier et celle de l'assurance maladie prouvent la dangerosité du Mediator. Les patients traités ont 3,5 fois plus de risques de subir un remplacement valvulaire que les autres. Deux millions de Français ont pris ce médicament pour un chiffre d'affaires de 725 millions en trente-trois ans. Le 30 novembre, l'Afssaps suspend son autorisation.

2014 : le procureur de Paris François Molins, dans un exposé sur l'enquête, indique que les décès imputables au Mediator sont, selon les experts, de 1 300 à 1 800. Et les hospitalisations comprises entre 3 100 et 4 200 cas. Trente mises en examen sont prononcées. Le procès du Mediator pourrait avoir lieu en 2018.

Source :leparisien