IgNobel 2015 : rouler sur des dos d'âne pour diagnostiquer l'appendicite

La curiosité est le plus précieux outil du scientifique. Seul problème : si on lui laisse la bride sur le cou, il peut exercer cette curiosité sur n’importe quoi. Littéralement n’importe quoi. Depuis 1991, un prix humoristique est décerné chaque année aux Etats-Unis aux auteurs des recherches les plus surprenantes, celles qui font "d’abord rire, puis réfléchir". La 25ème édition de ces ig-Nobel (jeu de mot entre Nobel et ignoble) avait lieu le 17 septembre à l'université de Harvard.

IgNobel 2015 : rouler sur des dos d'âne pour diagnostiquer l'appendicite

25 ans d’absurde !

En 1955, le physicien Harry Lipkin et l’éditeur Alexander Kohn lancent le premier numéro du Journal of Irreproducible Results (le "journal des résultats irreproductibles"), revue humoristique "pour scientifiques". Entre deux dessins satiriques et articles dénonçant le manque de rigueur de certains chercheurs, les contributeurs du journal commentaient les publications savantes les plus surprenantes portées à leur connaissance.
Les prix ne sont pas nécessairement décernés à des recherches publiées dans l’année, mais bien souvent à des pépites exhumées par les rédacteurs des Annals of Improbable Researchdans les archives de publications scientifiques plus ou moins célèbres (souvent moins que plus !).
Ce n’est qu’en 1991 que le rédacteur en chef Marc Abrahams décide de distinguer par un prix spécial la crème des recherches scientifiques "qui ne peuvent pas, ou ne devraient pas, être reproduites". Ce sont les "IgNobel" (calembour mêlant Nobel et ignoble). Le succès médiatique de l’initiative est tel qu’en 1995, Marc Abrahams crée la revue Annals of Improbable Research, exclusivement dédiée aux recherches surprenantes ou absurdes.
Les IgNobel ne récompensent plus seulement les recherches douteuses, mais aussi et surtout celles dont les énoncés font "d’abord rire, puis réfléchir". Comment ne pas s’étonner qu’une équipe de scientifiques a publié un compte-rendu sur l’efficacité des cataplasmes en poitrine de porc pour arrêter les saignements de nez  ? Ou sur l’aptitude des chimpanzés à reconnaître des congénères en regardant des photographies de leurs postérieurs ?
Tous les IgNobel ne sont pas décernés à des travaux d’une rigueur scientifique à toute épreuve. L’an passé, des chercheurs ayant prétendu démontrer que les chiens préféraient "aligner leur corps selon un axe Nord-Sud" pour faire leurs besoins ne résiste pas longtemps à une analyse statistique critique… Mais le principal critère d’élection à un IgNobel reste la dimension insolite des postulats de recherche. Comment diable ces biologistes en sont-ils venus à se poser une telle question ?
Des prix satiriques émaillent également les cérémonies. L’an passé, le gouvernement italien a remporté l'Anti-Nobel d'économie pour "avoir fièrement rempli le mandat de l'Union européenne, faisant en sorte que chaque pays augmente la taille officielle de son économie nationale en incluant les revenus de la prostitution, des ventes illégales de drogue, de la contrebande et autres transactions financières illégales". Étonnamment, aucun représentant du gouvernement italien n’est venu retirer son prix.
Nous souhaitons un très joyeux quart de siècle aux IgNobel… Et sans plus attendre, nous vous dévoilons le palmarès 2015 !
source : allodocteurs.fr