L'alcool reste l'une des premières causes d'hospitalisation en France

Avant de tuer près de 50.000 personnes chaque année, l'alcool conduit bien souvent à l'hôpital. Sa consommation reste l'une des premières causes d'hospitalisation en France, devant le diabète, selon le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH).


Depuis les années 1960, la consommation globale d'alcool, principalement de vin de table est en nette diminution. Pourtant, le nombre d'hospitalisations liées à l'alcool ne cesse d'augmenter, selon l'Institut national de Veille Sanitaire (InVS). En 2012, l'alcool a induit plus de 580.000 hospitalisations de courts séjours en médecine ou chirurgie, soit 11,3% de plus qu'en 2006. Un chiffre qui explose pour les journées passées en psychiatrie. L'alcool a provoqué 2,7 millions de journées d'hospitalisation en psychiatrie, représentant à lui seul 10,4% du total des journées dans ces services, précise le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire.
Au total, l'alcool reste l'une des premières causes d'hospitalisation en France, devant le diabète en nombre de séjours. Pourtant le diabète est considéré comme l'une des pathologies induisant le plus d'hospitalisations. "Le coût estimé (de l'alcool ndlr) s'élève à près de 3,6% de l'ensemble des dépenses hospitalières en 2012", souligne le BEH, qui précise que l'augmentation du nombre d'hospitalisations est liée au fait que les soins se sont améliorés et que les patients ont plus tendance à consulter qu'auparavant.

Intoxications, sevrages et complications

Les causes d'hospitalisations liées à l'alcool peuvent être multiples : intoxications aiguës, qui peuvent mener au coma éthylique, sevrages alcooliques, troubles mentaux liés à l'alcool,cirrhoses, cancers ou encore soins maternels pour des lésions fœtales causées par l'alcoolisme de la mère. Mais l'essentiel des admissions hospitalières sont dues aux complications de l'alcool, ces maladies qui apparaissent après des années de consommation excessive. Il y a cinq fois plus de patients hospitalisés pour des complications que pour la seule dépendance à l'alcool.
Le nombre d'intoxications pour alcoolisation massive est en augmentation depuis 6 ans. Mais contrairement aux idées reçues, il reste stable chez les jeunes (moins de 24 ans) malgré le phénomène de binge drinking. "Ce type de comportement n'est pas observé que chez les jeunes, il existe également chez les adultes plus âgés", explique l'étude. C'est en réalité chez les quadragénaires que l'ingestion massive d'alcool est le plus préoccupante.

Une gravité qui augmente crescendo

L'étude montre également que les dangers de l'alcool croient de manière graduelle, au fil des années. Les patients hospitalisés pour une intoxication aigüe ont en moyenne 43 ans, 48 ans pour ceux hospitalisés pour dépendance et enfin 58 ans pour ceux  admis pour des complications (troubles neurologiques, cancers, cirrhoses,...). Cela confirme "l'insuffisante prise en charge des comportements d'alcoolisation excessive et du sevrage, d'abord aux Urgences puis ensuite au cours d'hospitalisations pour ivresse", déclare à l'AFP le Dr Michel Reynaud, l'un des auteurs de l'étude.
"Quand on arrive aux complications à 57 ans en moyenne (cirrhoses, troubles neurologiques, cardiovasculaires comme l'hypertension ou dilatation cardiaque, accidents, cancers...) c'est qu'on a loupé toutes les phases préliminaires, de l'ivresse aiguë en passant par l'alcoolisation excessive chronique puis la dépendance", commente-t-il.
L'objectif serait donc de limiter ces complications, en discutant des problèmes d'alcool dès les premières hospitalisations, pour, le cas échéant, orienter le patient vers des consultations en addictologie. Les auteurs recommandent des actions ciblées sur les régions les plus touchées, notamment dans le Nord et à la Réunion, où les taux d'alcoolisation aiguë et de dépendance à l’alcool sont les plus élevés de France. Après le tabac, l'alcool est la deuxième cause de mortalité évitable en France, tuant 49.000 personnes chaque année.
Source : L’alcool, une des toutes premières causes d'hospitalisation en France. F. Paille et M. Reynaud, BEH, 7 juillet 2015.