Intéressé par des études de médecine ou de dentisterie ?

Le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a approuvé de justesse mercredi l'instauration d'un filtre aux études de médecine et dentisterie. Celui-ci sera d'application dès l'année prochaine.

Intéressé par des études de médecine ou de dentisterie? Il y aura désormais un concours en fin de 1ère
Le projet décret a été adopté mercredi après-midi par la majorité PS-cdH à l'issue un débat tendu avec l'opposition MR qui a quitté en bloc l'hémicycle à la suite d'un incident, menaçant dès lors la tenue du vote, la majorité n'étant pas en nombre en raison de l'absence de plusieurs députés socialistes, pour raison de santé notamment. Le vote sur le filtre a malgré tout pu avoir lieu grâce aux six députés Ecolo qui ont accepté de rester en séance, préservant ainsi le quorum. Les Verts ont toutefois voté contre, tout comme les deux élus PTB. Les deux FDF présents mercredi se sont, eux, abstenus.
Le nouveau décret, qui sera d'application dès l'année prochaine, prévoit la création d'un concours organisé en fin de 1er BAC pour tous les étudiants de médecine et de dentisterie. Celui-ci portera exclusivement sur les matières médicales enseignées au second semestre, davantage en lien avec la profession. Les autres cours feront l'objet d'épreuves classiques.
L'instauration de ce filtre aux études de médecine et dentisterie en Fédération Wallonie-Bruxelles fait partie du compromis difficilement bouclé en décembre dernier entre le ministre de l'Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt (PS), et la ministre fédérale de la Santé, Maggie de Block (Open Vld), pour mettre un terme à la crise des numéros Inami de l'automne dernier, lorsque plusieurs jeunes diplômés francophones étaient menacés d'être privés du précieux sésame. "Ce n'est pas le décret dont je suis le plus fier", a reconnu, amer, M. Marcourt en séance."Mais ce décret est nécessaire pour assurer l'avenir des étudiants", a-t-il justifié.
Le débat sur ce décret-clé de législature avait débuté par un incident entre le député MR Jacques Brotchi et le ministre Marcourt. Intervenant à la tribune pour présenter la position de son parti, M. Brotchi, professeur émérite de médecine, a notamment l'"immobilisme" des ministres socialistes de la Santé successifs qui, selon lui, n'ont rien fait pour élaborer un cadastre des médecins devant servir à objectiver le délicat débat sur le nombre d'étudiants dans les filières médicales. "Maggie De Block a fait en six mois ce que (la précédente ministre de la Santé, la socialiste) Laurette Onkelinx n'a pas fait en six ans! ", a notamment attaqué le réformateur. Piqué au vif, M. Marcourt lui a lancé un "vous mentez" à l'orateur, provoquant l'indignation des élus MR qui, en signe protestation, ont tous quitté la séance, certains en profitant alors pour aller suivre... la retransmission du Tour de France dans la cafétéria des parlementaires.
Devant les députés, le ministre a maintenu son accusation, soulignant le rôle de l'Open Vld qui, au cours de la législature précédente, s'est employé à contrer la ministre Onkelinx, laquelle entendait notamment lever le contingentement pour une série de spécialités médicales, a-t-il rappelé. Vu l'adoption définitive du filtre, M. Marcourt a répété attendre à présent de Maggie De Block qu'elle mette en oeuvre ses propres engagements, à savoir la mise en oeuvre du cadastre dynamique des médecins, ainsi que la délivrance d'un numéro Inami pour "tous les étudiants actuellement en cours de formation" en médecine.
La semaine dernière, la ministre flamande avait annoncé son intention d'attendre encore un an avant d'avancer dans cette voie, histoire vérifier que le filtre francophone est réellement efficace, avait-elle justifié. M. Marcourt a appelé mercredi collègue flamande à ne pas communautariser ce dossier qui relève de la santé publique, a-t-il insisté. "Qu'elle montre qu'elle est la ministre de tous les Belges, et pas seulement d'une partie d'entre eux", a-t-il lancé.
Dans une optique de réduction des frais de soins de santé, le gouvernement fédéral a décidé en 1997 de limiter l'offre médicale en contingentant le nombre de médecins agréés par l'Inami. Pour se conformer à cette exigence, la Flandre a directement introduit en examen d'entrée aux études de médecine, toujours en vigueur actuellement. En Fédération, il fut décidé dans un premier temps d'instaurer un concours à l'issue de 3ème année (d'application jusqu'en 2003), puis de la 1ère année jusqu'à ce que le mécanisme soit invalidé par le Conseil d'Etat en 2008.
Depuis lors, en l'absence de toute limitation, le nombre d'étudiants inscrits dans les facultés francophones de médecine a doublé, alors que l'accès à la profession est resté strictement contingenté par le fédéral. Une situation qui a depuis lors alimenté de vives tensions entre la gauche et la droite, la première remettant en doute l'opportunité d'une limitation du nombre de praticiens vu les pénuries vécues sur le terrain et la nécessité de faire appel à des médecins étrangers pour y pallier.
source : rtl.be