Se retenir d'uriner : quels sont les risques ?



Nombreux sont les métiers où s'absenter pour uriner pendant les heures de travail est problématique. Pourtant, se retenir peut provoquer de graves infections urinaires.


Des ouvriers sur une chaîne de montage de voitures. Ils ont parfois du mal à s'interrompre pour une pause pipi.
(c) Afp

Caissières, ouvriers à la chaîne, kiosquiers, chauffeurs routiers ou encore enseignants ... : pour certaines professions, s'absenter pour uriner pendant les heures de travail n'est pas une évidence.
C'est devenu très compliqué pour les salariés de pouvoir aller aux toilettes en dehors des pauses
TÉMOIGNAGES. Didier Pean, qui passe environ 12 heures par jour seul dans son kiosque à journaux du Ve arrondissement de Paris, doit recourir au système D. "J'ai des clients que je connais très bien à qui je peux sans problème confier la caisse pendant cinq minutes, le temps d'aller au café d'en face", dit-il à l'AFP. Mais, confie-t-il, "si personne ne passe, je fais comme pas mal de mes collègues plus isolés que moi dans leur kiosque : on pisse dans une bouteille et on attend la fin de la journée pour la balancer". Il relève que les routiers, eux, jettent souvent la bouteille par la fenêtre.
Pour les enseignants, avoir une petite vessie peut aussi être problématique. En primaire, "la règle est simple : nous sommes toujours responsables des élèves, de l'entrée dans l'école à la sortie !", donc "jamais on ne laisserait une classe seule", explique à l'AFP une professeur des Hauts-de-Seine. "Comme parfois une envie pressante peut arriver (...) on utilise la porte ouverte" reliant à la classe d'à côté, et "on chuchote à un collègue", dit-elle.
Comme les téléconseillers, qui doivent demander l'autorisation de quitter leur poste, les caissières peuvent aussi se trouver en difficulté . Claudette Montoya, représentante de la CGT chez Carrefour, explique qu'elles "ne peuvent quitter la caisse sans autorisation. Et quand les clients sont là, le responsable refuse", déplore-t-elle.
Chez PSA à Sochaux, Benjamin Barra (CGT), qui travaille sur une chaîne de montage, relève de même que "c'est devenu très compliqué pour les salariés de pouvoir aller aux toilettes en dehors des pauses". "Avant, on avait un moniteur qui avait le temps de pouvoir remplacer au cas où. Maintenant, il manque du monde, il y a de plus en plus d'absentéisme (...) et le moniteur se retrouve de plus en plus souvent en poste", regrette-t-il.

De l'inflammation de la vessie à celle des reins

Se retenir d’uriner peut provoquer de graves infections urinaires, des infections bactériennes qui affectent souvent le conduit urinaire et qui sont provoquées par les germes de l’urine présentes trop longtemps dans la vessie. Parmi les symptômes : douleur forte et constante au moment d'uriner, fièvre, frissons, douleurs au ventre, crampes, anxiété etc.
CYSTITE. Les femmes sont particulièrement touchées par une inflammation des parois de la vessie (appelée cystite), qui entraîne douleur au bassin et brûlure et douleur au moment d'uriner. L’inflammation est provoquée par la prolifération de bactéries intestinales de type Escherichia coli, nombreuses aux environs de l’anus, dans la région vulvaire (elles remontent par l'urètre).
Non traitée, la cystite peut provoquer une affection plus grave : la pyélonéphrite, une inflammation du rein et du bassinet (la cavité du rein collectant les urines). Elle apparaît lorsque les bactéries de la vessie remontent vers les reins et prolifèrent à ce niveau.
STOCKAGE. Une vessie moyenne peut contenir jusqu’à 440 millilitres de liquide ; si l’on boit huit verres d'eau par jour, cela équivaudrait à presque 1 890 millilitres. La vessie a donc la capacité de stocker en excès le quart de la quantité des verres que l’on boit quotidiennement.

45 % des salariés se plaignent de la propreté des toilettes de leur lieu de travail

LOI. Le sujet des toilettes n'est pas des plus glamour, mais est clairement abordé dans le code du travail : l'employeur doit prévoir au moins un cabinet et un urinoir pour 20 hommes et 2 cabinets pour 20 femmes, ceux-ci devant être "aménagés de manière à ne dégager aucune odeur"et être "équipés de chasse d'eau et pourvus de papier hygiénique".
Il doit aussi faire procéder "au nettoyage et à la désinfection" des toilettes "au moins une fois par jour". En cas de manquement, il peut être puni d'une amende de 3.750 euros, multipliée par le nombre de salariés concernés.
Pour ceux qui n'ont pas d'obstacles à franchir, l'expérience des toilettes au travail peut tout de même être déplaisante. Selon une enquête d'Initial (loueur d'articles d'hygiène) qui date de l'automne 2013 (basée sur deux études menées par Opinion matters et Added Value), un tiers des salariés Français n'étaient pas satisfaits de leur dernière visite aux toilettes. Parmi eux, 45% se plaignaient de la saleté et 41% de l'odeur.
MONDE. A l'échelle de la planète, ces difficultés peuvent être relativisées. Selon l'OMS, un tiers de l'humanité (2,5 milliards de personnes) n'a tout simplement pas accès à un assainissement approprié, y compris des toilettes...
 Lise Loumé avec afp
source : sciencesetavenir