Consultation : à quoi servent ces gestes pratiqués par votre médecin ?

Inspection, palpation, auscultation... La consultation permet au médecin de mener l'examen physique indispensable au diagnostic, en soutien de l'interrogatoire du patient. Vous vous demandez pourquoi votre médecin examine telle ou telle partie du corps et pourquoi ? Décodage de 12 gestes courants, avec le Dr Thomas Bourez, médecin généraliste à Val-de-Reuil, dans l'Eure.


Examen de l'oeil
Examen de l'oeil
Le geste : Le médecin regarde l'œil en tirant légèrement sur la peau du bas de l'œil pour inspecter la conjonctive.
Pourquoi ? Il procède à cet examen physique si vous vous êtes plaint(e) de fatigue anormale, d'essoufflement inhabituel à l'effort et si vous présentez une tachycardie (cœur qui bat plus vite que la normale), pour regarder la couleur de la conjonctive.
Diagnostic : une conjonctive pâle est un signe d'anémie (la conjonctive est normalement rouge). Si la personne se sent fatiguée, qu'elle a des conjonctives pâles et une tachycardie, le médecin va lui prescrire une prise de sang pour connaître son taux de fer.


Pression de la peau au niveau de la cheville
Pression de la peau au niveau de la cheville
Le geste : le médecin place son pouce ou le bout de l'index et du majeur sur l'espace rétro malléolaire, il exerce une légère pression et relâche, il effectue le même geste sur l'autre cheville, et au niveau des jambes et des cuisses.
Ce que cherche le médecin : un signe d'œdème. Dans ce cas, l'empreinte sur la peau laissé par le ou les doigts du médecin demeure visible un instant avant de disparaître avec la diffusion de l'œdème (c'est ce que l'on appelle le signe du godet).
Pourquoi ? Des œdèmes bilatéraux montrent que le cœur ne fonctionne pas correctement (cela entraîne un mauvais retour veineux). "On regarde cela si quelqu'un a des troubles au niveau cardiaque", informe le Dr Bourez.
Diagnostic : une insuffisance cardiaque.

Palpation de l'abdomen
Palpation de l'abdomen
Le geste : le médecin palpe votre ventre avec le plat de sa main.
Ce que le médecin regarde : si votre abdomen est souple, s'il n'y a pas de masse palpable mais aussi si la rate et le foie ont un volume et un aspect normaux et ne sont pas douloureux à la palpation. 
Pourquoi ? "Si le ventre est contracté, dur, c'est le signe d'une inflammation de l'abdomen, comme une péritonite, qui nécessite une intervention chirurgicale urgente; une contracture avec douleur de la fosse iliaque droite est un signe d'appendicite", explique le Dr Bourez.
Diagnostic : Une rate augmentée de volume (splénomégalie) peut être le signe d'une infection virale, un lymphome.... . Un foie dur est un signe de cirrhose, un foie très dur peut révéler la présence de métastases. "Si la palpation de la vésicule biliaire entraîne une douleur, cela signifie qu'elle contient un calcul ou qu'il y a une inflammation", ajoute le médecin. 

Auscultation de l'abdomen

Auscultation de l'abdomen

Le geste : le médecin pose son stéthoscope sur votre abdomen.
Ce qu'écoute le médecin : les bruits aéro-digestifs. Les mouvements d'air et de liquide à travers l'intestin produisent des bruits.
Pourquoi ? L'écoute de ces bruits permet d'évaluer la motricité intestinale. S'il n'y a pas de bruit, c'est le signe que le transit ne se fait pas bien. "On va aussi chercher s'il y a un souffle au niveau de l'aorte abdominale", explique le Dr Bourez. 
Diagnostic : une obstruction intestinale lorsqu’aucun ne bruit aéro-digestif n'est entendu. "C'est une urgence chirurgicale", signale le médecin. "Si on entend un souffle, cela signifie que des plaques commence à boucher l'aorte. Il faut faire un doppler dans ce cas afin de voir s'il y n'y a un vaisseau bouché", (sténose de l'aorte abdominale) informe le médecin.

Le médecin tape le bas de votre dos

Le médecin tape le bas de votre dos

Le geste : alors que vous êtes assis et penché en avant, le médecin place la paume de la main gauche en bas des côtes à gauche puis à droite et frappe la main avec son poing droit : c'est la percussion des fosses lombaires.
Pourquoi ? "Cette percussion lombaire fait vibrer les reins, explique le Dr Bourez. Le médecin effectue une percussion lombaire en cas de fièvre inexpliquée, devant des symptômes urinaires. 
Diagnostic : "Si ce geste est douloureux, cela indique qu'il y a une infection rénale ou un calcul rénal."

Palpation de l'avant du cou

Palpation de l'avant du cou

Le geste : placé derrière vous, le médecin palpe avec ses deux mains l'avant de votre cou. Il peut vous demander de déglutir.
Ce que regarde le médecin : Il examine votre glande thyroïde, son volume, apprécie sa mobilité. "On effectue cet examen de la thyroïde si le patient se plaint d'avoir du mal à avaler, ou s'il se sent fatigué, ralenti ou au contraire tendu, énervé." 
Pourquoi ? Le médecin regarde s'il y a une masse devant la trachée, qui bouge quand la personne avale. Si oui, on parle d'hypertrophie thyroïdienne (thyroïde augmentée de volume).
Diagnostic : C'est le signe d'une hypothyroïdie ou d'une hyperthyroïdie. "On va alors prescrire une échographie et une prise de sang pour effectuer un dosage de TSH", indique le Dr Bourez. 

Palpation derrière et devant le cou

Palpation derrière et devant le cou
Le geste : avec ses deux mains, le médecin palpe derrière, sur les côtés et devant le cou. Il va effectuer le même geste sous les bras et au niveau de l'aine.
Pourquoi ? Le médecin cherche la présence de ganglions au niveau des aires ganglionnaires (cervicale, axillaire et inguinale). "On effectue cette palpation si le patient se plaint de fatigue inhabituelle, s'il a un ganglion déjà présent ou bien encore s'il présente un syndrome infectieux ou inflammatoire".
Diagnostic : la présence de ganglions dans différents endroits du corps fait craindre un problème du système immunitaire, d'origine inflammatoire ou cancéreuse (leucémie, lymphome). 

Écoute du cœur

Écoute du cœur
Ce que vous demande le médecin : vous asseoir, vous pencher en avant, respirer normalement puis en exagérant inspiration et expiration. Le médecin écoute votre cœur à l'aide du stéthoscope.
Pourquoi ? L'auscultation du cœur permet de contrôler les bruits du cœur et le rythme cardiaque. 
Ce qu'il peut constater : une arythmie cardiaque (pouls irrégulier) -on fait alors un doppler pour voir s’il y a un trouble du rythme-, un rythme cardiaque trop rapide qui peut signaler une fibrillation auriculaire. 
Diagnostic : un souffle pathologique (bruit audible pendant l'intervalle entre les 2 bruits du cœur) peut révéler une valve cardiaque endommagée au niveau aortique. Cela peut entraîner une insuffisance cardiaque.

Auscultation des poumons

Auscultation des poumons
Le geste : le médecin pose son stéthoscope en haut, au milieu et en bas des poumons, à chaque fois à gauche et à droite. 
Ce qu'écoute le médecin : les bruits pulmonaires, notamment si le bruit à l'inspiration et à l'expiration est équivalent des deux côtés.
Diagnostic : s'il y a un sifflement symétrique à l'expiration, c'est signe d'asthme. Un temps inspiratoire plus long signale une laryngite. "Si l'on entend des sons dits crépitants dans un seul poumon, c'est un signe d'infections pulmonaires, de pneumonie par exemple", explique le Dr Bourez. "Et si l'on entend mal les bruits, c'est un signe d'épanchement (eau dans la plèvre)", ajoute-t-il. Cela peut notamment indiquer qu'il y a une pleurésie.  

Prise de pouls radial

Prise de pouls radial
Ce que fait le médecin : Palpation de l'artère radiale à l'aide de l'index et du majeur sur l'avant-bras (au niveau du poignet).
Pourquoi ? Le pouls est représentatif du volume sanguin éjecté du ventricule gauche dans l'aorte. Il permet d'apprécier la fréquence cardiaque, la régularité du pouls et son amplitude.
Diagnostic : une arythmie cardiaque (pouls irrégulier).

Prise de tension artérielle

Prise de tension artérielle

Le geste : le médecin place un brassard autour de votre biceps, le gonfle puis le dégonfle. 
Pourquoi ? Il mesure votre tension artérielle afin de voir si celle-ci n'est pas trop élevée ou trop basse. Une hypertension artérielle au cabinet doit être confirmée par d'autres examens. 
Diagnostic : une hypertension (tension trop élevée) ou une hypotension (tension trop faible). 

source : doctissimo